mercredi 28 septembre 2011

La littérature, c’est foutu.

La littérature, c’est foutu.


C’est la faute à ces étoiles de sang l’autre jour dans le métro, et c’est devenu mon sixième et donc dernier article hélas, à lire sur Mélico, un grand cri d’espoir on l’aura compris, où outre le sang sur le noir du goudron il est aussi question de l’image de la littérature, celle qu’on veut bien en donner en cette saison entre rentrée et prix, de ce que je pense des jurys et des comités, et du signal d’alarme dans mon train indifférent dont je n’ai jamais su la cause.



Commentaires

Vous? Dans la rubrique des chiens écrasés? VOUS?? .... VOUS???
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 28/09/2011 à 17h54
Ah non, les chiens écrasés, c'est Eric Chevillard, avec la complicité de Sylvain Honhon.
Réponse de PhA le 28/09/2011 à 18h05
... alors, Capri c'est (vraiment) fini ?
Commentaire n°2 posté par Gilbert Pinna le 28/09/2011 à 18h04
Réponse de PhA le 28/09/2011 à 18h24
Un siècle et demi, ça me va.
Commentaire n°3 posté par Didier da le 30/09/2011 à 14h09
Oh, j'ai dit un siècle et demi pour être sûr de ne pas y assister mais avec ma santé d'enfer, va savoir.
Réponse de PhA le 30/09/2011 à 14h19
Sur Mélico, cet article champion.
Commentaire n°4 posté par Dominique Hasselmann le 01/10/2011 à 11h13
N'est-ce pas que c'est une bonne nouvelle ? Personnellement je m'en réjouis : c'est souvent quand tout est foutu qu'il se passe de belles choses.
Réponse de PhA le 01/10/2011 à 21h20

mardi 27 septembre 2011

agrège et recombine


A l’issue de la treizième semaine, ils atteignaient COPENHAGUE.
 
« Les yeux de Warren Dahler sont de plus en plus clairs, translucides. » Le glaucome, qui modifiait – jusqu’à la couleur des paupières ses yeux vairons, le contraignait à s’abriter de la lumière.
 
Monochrome empirique. Le bureau central de COPENHAGUE se trouvait dans la villa d’un ancien banquier dont les hommes armés qui la gardaient, répétaient qu’il avait été décapité après avoir été torturé ; Maïa marchait dans le couloir noir ; la deuxième porte, entrouverte sur la gauche, donnait sur une pièce cardinale – rouge. Warren Dahler fumait, éloignant les volutes qu’il recrachait du chat qui se tenait sur ses genoux : « Combien de temps avez-vous prévu de rester ? »
 
De cette ancienne gare dont subsistaient des vestiges : des wagons, une immense verrière envahie par des plantes endémiques et exogènes, Warren Dahler s’était approprié tous les étages ; certains trains immobiles étaient habités par des familles ; la transition avec l’extérieur était incertaine, le toit de la verrière au sud avait été éventré sur plus d’un tiers de sa surface, laissant la pluie envahir la serre, et l’aile gauche écroulée se confondait avec d’anciens débris de mur, la forêt ; tout ici était indistinct comme une téléportation ratée agrège et recombine des éléments organiques avec les parois du sas de déplacement ; l’absence de transition architecturale se répercutait dans un fonctionnement social sans hiérarchie visible, c’est-à-dire affichée ; le modèle de défection civile qui avait prôné ce rétablissement sociétal était un paravent. Aux techniques d’asservissement qui avaient émergé depuis l’impact, d’autres – qui ne semblaient pas découler d’une décision mais d’un processus inconscient d’expansion, de réappropriation, s’étaient ajoutés – leur fonctionnement échappait aux classifications. Les premiers zombies qu’ils croisèrent, plusieurs jours avant d’atteindre COPENHAGUE, étaient immobiles : « La putréfaction atténue les spasmes ». C’est plus tard qu’ils associèrent ces cadavres aux individus errants qui encombraient les rues de COPENHAGUE.
 
« Des champignons* prennent le contrôle de leur cerveau, Ies amenant à se désolidariser lentement du groupe et à tuer leurs congénères – dont les cadavres futurs serviront de socle d’incubation, de terreau aux nouvelles spores. »
 
* Cordyceps unilateralis.
 
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8Fi_5stD6nD6degneD0YYSYZd2WvPdVxxvgctg4gs8PkoSBL3nBEpGIkYEFSDbfepzJIPiioJS2xBVs9GnCc6C1ah-DjUL8QlDWCzelrmWKr9kiKIrfqqJ0jK8rczaZvYVivg3lPJC4O0/s1600/Couv_futur-fleuve_GERNER_RLR.jpgEmmanuel Rabu, Futur fleuve, Léo Scheer LaureLi, 2011, p. 35-36.
 
« Emmanuel Rabu » est le nom de code d’un système de téléportation délibérément défectueux ou crapuleusement détourné qui agrège et recombine des éléments d’origines disparates pour en faire des objets poétiques fallacieusement déguisés en thèses universitaires comme Tryphon Tournesol et Isidore Isou ou en romans de science-fiction comme ce Futur Fleuve. (On peut lire aussi ici l’avis d’Alain Nicolas.)


Commentaires

Eh bien bravo! Je me suis laissé emporter, sans résistance. (Pourtant je ne garde pas un souvenir ébloui de Tryphon...) C'est très étonnant, très agréablement, j'aurais aimé comprendre mieux ce système - s'il y en a un. (Et le point virgule décidément!)
Merci Philippe! (Merci pour les autres découvertes.)
 
 
 
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 28/09/2011 à 12h58
Oh je dis système juste parce que téléportation, en fait agrège et recombine conviennent davantage. (Je garde un jubilatoire souvenir de TT & II.)
Réponse de PhA le 28/09/2011 à 14h10

dimanche 25 septembre 2011

"N’oubliez pas, Bal du rat mort dans un mois !"


Des plans sur la comète
 
Parfois, lorsque la pluie s’arrête quelques heures,
il arpente la ville et s’amuse à prononcer à haute voix
les inscriptions flamandes sur les panneaux.
Vlaanderenstraat, Torhoutsesteenweg, Wapenplein.
Des cochers gouailleurs font visiter la ville aux touristes.
Le bruit des sabots sur le pavé mouillé l’entraîne
dans les petites rues du centre.
Sur une gouttière, une affiche en français attire
son attention : « N’oubliez pas, Bal du rat mort
dans un mois ! » Dans un mois, il n’a aucune idée
de l’endroit où il sera.
 
 
Dieu, un bus et de la poussière rouge
 
Avant de partir, Thala lui a laissé l’adresse de la ferme
en Andalousie. « Que Dieu protège les hommes comme
toi », a-t-il dit. Sur le moment, Walther n’a pas vraiment
compris ce que Dieu venait faire dans cette histoire.
Un bus doit l’amener à Chaumont. De là il verra comment
descendre vers le sud. En prenant son ticket, il sent
que Pec a lâché une fiente chaude dans la poche
de son blouson. Il s’endort le front contre la vitre.
Dans son rêve la terre est rouge comme sur l’île de Gorée.
 
 
Le placard
 
Il lui aura fallu quatre bonnes heures pour se rendre
compte de son erreur. De longues prairies trempées
bordent la route. Le Chaumont dans lequel il débarque
est en Haute-Marne plutôt que dans le Nord. L’office
de tourisme en vante l’aqueduc romain et le fromage
de vache. Dans le café-commerce du coin, le grille-
mouche électrique au-dessus du comptoir est allumé
en permanence. En sirotant sa bière à petites gorgées,
Walther se dit que cette ville a été inventée pour y ranger
tout ce dont le reste du monde n’avait pas besoin.
 
Thomas Vinau,  Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, Alma éditeur, 2011, p. 33-34.
 
Deux parties en miroir (« Le dehors du dedans… » / « Le dedans du dehors… »). La première à la 3e personne pour suivre Walther qui ne sait pas où il va parce que la nécessité c’est simplement d’aller, la deuxième à la 1ère personne où le narrateur désormais innommé, de retour chez lui pour la naissance de son fils, est maintenant immobile. Equilibriste entre deux genres, en posant ses bagages le romancier redevient poète.



Commentaires

Merci philippe !
Commentaire n°1 posté par thoams le 26/09/2011 à 10h42
Un plaisir. (Dernier achat de mes vacances normandes.)
Réponse de PhA le 26/09/2011 à 16h10
J'ai l'impression que j'ai comme un rendez-vous.
Commentaire n°2 posté par tor-ups le 27/09/2011 à 09h59
On en parle à Souricette ?
Réponse de PhA le 28/09/2011 à 14h06

vendredi 23 septembre 2011

SHARAWADJI ! criait Pascale Petit demain soir aux Parnassiens.


Samedi (demain, quoi) à 21h30, le cinéma Les Parnassiens (98 boulevard Montparnasse, m° Vavin) a la  bonne idée d’inviter Pascale Petit pour lire, parler et toute cette sorte de choses à propos de…
 
SHARAWADJI Manuel du jardinier platonique (Pascale Petit, L’Inventaire 2010) :
 
« Les rêves du jardinier – du jardinier interrogé, du jardinier amateur, du jardinier d’hier, d’aujourd’hui, du jardinier passionné, avisé, fatigué – du jardinier platonique – suscitent en nous le désir de les connaître et de savoir de quoi ils ne rêvent plus quand ils se réveillent. Dans le rêve de chaque jardinier, il y a une fontaine ou un ruisseau. Une cabane. Une statue d’éléphant. Un garage enterré. Un coin de Laponie. Et l’idéal de chacun est un sentier : qui serpente au milieu et dans les coins d’un jardin aux contours sinueux. Il y a aussi, au centre de cet idéal, un projet de Belvédère et surtout, des pétales de fleurs jaunes qui tombent en pluie et comme le souvenir de quelque chose derrière un arbre qui ressemble à un conifère. Il y a aussi, parfois, des rêves de scabieuses des jardins voisins : quand le rêve a débordé et qu’aucun jardinier ne rêve plus. »
 
« Si Pascale était un poète américain, tous (autant que vous êtes) se vanteraient de l’avoir lue depuis toujours, mais nous sommes cloués ici, alors (pour une fois) gagnez du temps et lisez-la. La claque de votre vie et un fruit défendu offert. »
Cahier Critique de Poésie.
(C’est pas moi qui le dis mais je suis bien d’accord. Regardez donc par le hublot droit en bas à gauche et comptez jusqu’à 10.)


Commentaires

Surtout n'y allez pas ! LA SUPERINTENDANTE S'EST CONVERTIE AU BAISER LETAL ! (C'est DSK qui lui a inspiré la chose). DANGER, DANGER. FAITES SUIVRE !
Commentaire n°1 posté par Thaddée le 23/09/2011 à 16h34
C'est contagieux ? Moi j'ai mal à la gorge.
Réponse de PhA le 23/09/2011 à 22h42
Allons bon! Il va encore pleuvoir sur Paris! 
(J'exige une vidéo, ne pouvant me déplacer!)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 23/09/2011 à 16h59
(Moi aussi !)
Réponse de PhA le 23/09/2011 à 22h43
Une vidéo ? C'est plus prudent en effet ! Un instant... On m'envoie déjà les premières images: Sharawadjicommesivousyêtiez 
Commentaire n°3 posté par Thaddée le 24/09/2011 à 00h42
Mais ce sont les côtés cachés !
Réponse de PhA le 24/09/2011 à 22h52
Voilà une voix que j'approuve, désolé pourtant de ne pouvoir aller moi aussi à Vavin. Je n'irai pas à Vavin, le coeur m'est triste (– Vas-y à Vavin ! – Hélas, coup du sort, pas possible.) Mais je suis de tout coeur joyeux un lecteur de ce joli livre. Ah, Vavin ! 
Commentaire n°4 posté par David Marsac le 24/09/2011 à 13h24
J'aurais bien aimé y aller aussi !
Réponse de PhA le 24/09/2011 à 22h51
 

mercredi 21 septembre 2011

Avez-vous vu les asphodèles ?


J’ai réussi un soir à retourner au cours de physiologie auquel je m’étais inscrite. Pourquoi ne pas continuer. Pourquoi ne pas. (…)
La salle tangue au rythme des mots qui sortent de sa bouche, les systèmes les plus simples sont des neurones sensoriels dont les dendrites servent de récepteurs, les sièges en bois avec tablette intégrée vacillent lentement sur leurs pieds et je devine également osciller, posée sur son long cou, la tête de la personne assise en contrebas, les rangs de sièges se répartissant en gradins pour que chacun puisse bien voir et entendre la femme en tailleur bleu marine qui poursuit sa litanie, le cristallin et la cornue aident à focaliser la lumière sur les photorécepteurs, sans s’apercevoir que tout tourne, tout est en train de tourner, les fauteuils et les arbres, les corps et les têtes, la cochlée contient seize mille récepteurs sensoriels et plus d’un million d’éléments associés, les lustres au bout de leur fil se balancent en une danse hypnotique dont le mouvement s’accentue imperceptiblement, de droite et de gauche, les axones des récepteurs simples et complexes peuvent être myélinisés, à présent déjà les lustres s’entrechoquent en émettant des sons de cloche et la tête de mon voisin vient heurter la mienne tandis que les corps se mettent à chavirer, la femme en tailleur bleu poursuit son discours dans la tempête, capitaine impassible qui n’interrompt pas la musique lorsque le bateau coule, les récepteurs somatosensoriels de la sensibilité somatique sont formés d’un neurone dont l’extrémité est libre, mes mains s’accrochent aux rebords du siège, mes doigts se crispent, à présent mon voisin de gauche puis celui de droite s’accrochent à moi, me soulèvent, me traînent dans l’allée, l’information auditive est une exception à la règle de la localisation, m’allongent sur le sol tandis que tout tourne encore et tangue de droite et de gauche, la voix de la femme en tailleur demande que se passe-t-il, cette jeune femme se sent mal, et sa voix a la même forme et le même ton et soudain elle se tait tandis que la salle émet à son tour un son diffus, tapotez-lui tes joues, déboutonnez son chemisier, ils vont arriver, peut-on ouvrir une fenêtre, est-elle diabétique, porte-t-elle des lentilles de contact, surtout ne la touchez plus, ils arrivent, le visage de la femme en tailleur à présent au-dessus du mien, son visage trop près du mien dont la bouche demande mademoiselle vous m’entendez, ses cheveux qui se balancent et glissent sur son front de droite et de gauche, touchant mes joues, ils sont doux et mouillés, c’est l’eau salée déjà qui monte, comme des algues ils s’enroulent autour de mon cou et j’essaye de crier sans y parvenir, la barque de Charon qui tangue de droite et de gauche nous emporte tous et chacun tandis que ma voix s’est perdue, je ne peux prévenir, je ne peux qu’acquiescer, j’entends votre voix et celle de tous les autres, j’essaye d’incliner la tête pour dire oui et non à la fois mais au fond chacun sait, tout au fond, de quoi il retourne. Quelqu’un prend mon pouls. Quelqu’un écarte mes paupières. Quelqu’un regarde à l’intérieur de mes yeux avec une lampe de poche. La sécrétion des larmes est stimulée par les neurones parasympathiques du nerf crânien VII. Quelqu’un dit : Vous avez fait un malaise, mademoiselle. Me relevant sur les coudes au milieu d’un cercle de visages aux yeux ronds, je demande : Avez-vous vu les asphodèles ?
http://www.joellelosfeld.fr/couv_maxi/9782070787920.gif 
Lise Benincá, Les oiseaux de paradis, Joelle Losfeld, 2011, p. 76 à 79.
 
La mort, encore. Encore dans mes lectures récentes, encore dans l’écriture de Lise Benincá, pour ceux qui se souviennent de Balayer fermer partir. La mort n’empêche qu’on aime ces mots-là.

mardi 20 septembre 2011

on ne ressort pas toujours vivant


Le Bled
Souvent j’oublie de mettre mon « Bled » dans mon cartable avant de quitter la classe. C’est notre livre d’orthographe avec les règles, les exceptions à la règle et les exercices. Il est blanc, rectangulaire, plutôt petit. J’arrive à la maison, maman a préparé mon goûter : deux tranches de pain beurrées, avec un morceau de chocolat et un verre de lait-grenadine. Je mange mes tartines, je bois puis je prends mon cahier de textes. « Pour mardi : Bled page 53, exercices n°255 et n°256. » J’ouvre mon cartable : pas de Bled. Maman m’envoie chez Cécile. Devant sa maison, au moment de sonner je suis gênée. Une fois de plus je dois dire : « Bonjour, excusez-moi de vous déranger, j’ai oublié mon Bled à l’école ». J’attends qu’on vienne m’ouvrir, je regarde la vitrine et la réclame qui bleuit : « Petrol Hahn ralentit la chute des cheveux ».
 
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilTgk47aegG0ePWLN8zBx_hJkMfTZ8GQgi7hF7tqZdNmGzJyFwLaddcKp4333-hoqHFnAO6Dz9sZlZbvq7i5uX3U3bjd2Jo-Vf66JYczMV-WtGKAw5_o-jtvXbDBC6NnxYTKp2-sljclCT/s1600/Couv-Unites_72.jpg« Maman m’envoie chez Cécile » fait résonner le conte dans lequel sa mère dit au petit chaperon rouge : « Va voir comme se porte ta mère-grand car on m’a dit qu’elle était malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre ». C’est le même chemin. De chez Cécile, on ne ressort pas toujours vivant.
 
Au sujet du Bled je me demande tout à coup si je ne me trompe pas d’année, si l’année durant laquelle nous  nous servions du Bled était bien l’année des huit ans de Cécile et non la suivante. Mais ça ne pouvait pas être la suivante, puisque j’allais le chercher chez Cécile, et que l’année suivante, Cécile n’était plus.
 
Sabine Bourgois, Les unités , Comptoir d’édition, 2011, p. 54-55.
 
Les unités, c’est tout petit qu’en mathématiques on a appris ce mot, à l’âge qui ne se compte encore qu’en unités, l’âge où un matin Cécile est absente à l’école, l’âge où sa meilleure amie reste bloquée, jusqu’à ce que des années plus tard elle se fasse narratrice.


Commentaires

... les unités, qui restent à portée de main.
Commentaire n°1 posté par Gilbert Pinna le 20/09/2011 à 19h53
J'ai, là, un Bled sous la main : couverture cartonnée (pour que ça dure, amis, donnez) bleue, titre  "Cours supérieur d'orthographe" - car l'orthographe a aussi, comme certains fleuves, un cours inférieur -  "par E. (Eugène, Ernest, Evangéliste... ?) et Mme (pas d'initiale de prénom pour elle !) Bled", sur la gauche la mention verticale "SPECIMEN" (il vient d'une prof), mention de l'éditeur : Hachette.
Et puis cette illustration : une plume d'oie bleu marine sur un fond de machine à écrire rouge, type (oui) Underwood. Le modernisme, déjà !
Bien, si je savais comment introduire ici une photo, cela m'aurait épargné ce long commentaire. Mais j'aime bien parcourir ou revenir... au bled !
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 24/09/2011 à 13h16
Je m'en souviens aussi - mais de celui-ci, car je n'ai jamais atteint le cours supérieur.

Réponse de PhA le 24/09/2011 à 22h56
Oui, c'est quasiment le même, le mien (enfin, celui que j'ai récupéré dans la famille) a été édité en... 1954.
A part la mention "SPECIMEN" et le niveau du cours - ce qui fait une sacrée différence - ils n'ont donc pas bougé.
Ce Bled voisine avec mon Bescherelle, "La Grammaire pour tous" (Hatier, 1997), fond rouge et cartouche vert : mais pas le même parfum d'avant !
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 24/09/2011 à 23h05
Oh si, c'est une vieille édition. Nous avions ceux-là en primaire, et dans nos mains ça passait déjà pour de vieux bouquins. (Je n'en ai jamais eu à moi ; ni de Bescherelle non plus d'ailleurs.)
Réponse de PhA le 24/09/2011 à 23h11
 

dimanche 18 septembre 2011

« La littérature, c’est foutu. »

Et ce soir dans le même couloir du métro Montparnasse des étoiles de sang il n’y avait plus trace. La réalité était en panne de grandiloquence. Il convient de préciser que je n’étais pas en train de me dire « La littérature, c’est foutu ».
 
PS du 28 septembre : La version longue est désormais à lire sur Mélico.

Jean-Paul Mougin, (A suivre), (Fin).


J’apprends seulement maintenant la mort de Jean-Paul Mougin, illustrée par ma propre collection d’(A suivre) débordant du vieux secrétaire de ma propre cave. Ça fait tout drôle. Pour un peu je me sentirais coupable. Jean-Paul Mougin, c’était le créateur du magazine de BD (A suivre), qui m’a accompagné de mes quinze ans jusqu’à l’âge adulte ; j’en ai parlé ici même, c’est le moment de le relire, ce billet.
En décembre 1997, (A suivre) s’est arrêté. Je ne suis pas sûr de m’être dit « la BD, c’est foutu », j’avais déjà perdu mes éphémères ambitions graphiques, mais ça m’a fichu un coup. Visiblement, si j’en juge par l’hommage de Bourgeon dans ce numéro spécial (A suivre (Fin)) ; c’était sûrement pour de mauvaises raisons éditoriales – on n’a pas fini d’en voir.

(Cliquez pour mieux lire.)

samedi 17 septembre 2011

Un regret ?

J’avais mon appareil mais je n’ai pas photographié toutes ces belles étoiles de sang sur le sol noir du métro.


Commentaires

Le mien, sous la pluie de La Courneuve, s'est mis sur une position m'interdisant (sans que je puisse le régler dans la nuit) de prendre des photos du concert de Joan Baez.
Commentaire n°1 posté par Dominique Hasselmann le 18/09/2011 à 07h55
Ah, quand la technique s'en (s'em-) mêle...
Réponse de PhA le 18/09/2011 à 20h55
Des étoiles de sang? Mais c'est horrible! 
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 18/09/2011 à 17h27
Et pourtant c'est vrai.
Réponse de PhA le 18/09/2011 à 20h55
 

mercredi 14 septembre 2011

PLAN B


26 mai
PLAN B
The Defamation Of Strickland Banks
 
 
 
Aujourd’hui, j’ai pris les choses à bras le corps. Il était hors de question que la dernière journée soit aussi morose et crispée que celle d’hier.
Mes affaires sont prêtes depuis sept heures ce matin. J’ai vidangé la deuche. On pourra s’en servir le cas échéant, même si je subodore qu’elle m’attendra sagement. Un chauffeur vient me chercher à l’aube demain matin.
J’ai averti André que nous passerions prendre le petit déjeuner et qu’il valait mieux qu’il nous propose croissants et chocolatines. Nous avons testé la nouvelle théorie de Pablo sur les nuisances provoquées par les ondes. Selon lui, les ondes sont des fées qui, en nous cuisant lentement à l’intérieur, nous rendent service.
– Plus on crève jeune dans ce monde à la con, mieux on se porte.
– Charmant, a remarqué Cigale.
– Tu peux pas nous inventer une théorie sur la littérature ?
– La littérature ! Mais je ne lis pas.
– Et ça devrait te gêner ?
– Non, tu as raison. Je vais y penser.
Puis nous avons rejoint Laure et Aloïs pour disputer plusieurs parties de ping-pong. Le déjeuner a été expédié et Aloïs et moi avons réussi nos défis : apprendre aux deux sœurs à faire du skate ! Une bonne poilade avant de rentrer. Le reste nous appartient à Cigale et moi.
J’aime cette fille à la folie.
 
Jérôme Lafargue, L’Année de l’hippocampe, Quidam, 2011.
 
http://www.quidamediteur.com/imagenes/portadas/AnneHIppocampeG.jpgPas la peine que je vous dise ni de qui ni de quoi il est question : qui a lu l’Ami Butler  et Dans les ombres sylvestres sait qu’avec Jérôme Lafargue on n’est jamais certain de lire ce qu’on lit. Mon OCR foireux qui me traduit « remarqué » en « remariage » est quasi extralucide.
On peut lire une interview de l’auteur dans le dernier numéro du Matricule des Anges.

lundi 12 septembre 2011

un ours sur le cœur


En 1977, je terminai mon engagement dans la marine marchande. Avec mes économies, je m’achetai un épais sac de couchage, des vêtements neufs, une tente, de bonnes chaussures, un fusil et une douzaine d’autres choses. Je pris le train tôt un matin et en descendis en pleine nuit. Je dormis dans la gare. Un camion me fit traverser la ville et me déposa devant la maison du garde forestier, à qui il manquait une jambe. Nous regardâmes ensemble une grande carte topographique. Il m’offrit à boire et inspecta mon fusil. Je lui offris une cigarette. Une bonne odeur de gâteau flottait dans la maison et me donna faim. Une heure après, je m’en allai.
Et c’est ainsi que, chargé comme une mule, je m’enfonçai dans la forêt, fuyant les hommes et l’océan, le cœur léger. Mais je craignais de rencontrer un ours.
 
  Hubert Mingarelli, La Lettre de Buenos Aires, « Pas d’hommes pas d’ours », Buchet-Chastel, 2011, p. 97-98.
 
Chez Mingarelli le cœur est rarement léger, et l’ours qui pèse dessus a aussi d’autres noms.
C’est un recueil de nouvelles, ce livre. Depuis Océan Pacifique je me demande si je n’ai pas un faible pour ses nouvelles. Peut-être d’ailleurs n’écrit-il que des nouvelles, au fond. Ce genre désencombré lui va bien.

Commentaires

J'aime autant ses nouvelles que ses romans, je crois... même son premier, très beau : « Les gens prétendaient que mon père était un raté. Ils omettaient de dire qu'il avait attrapé des truites bleues à la main. »
Commentaire n°1 posté par Pascale le 12/09/2011 à 21h44
Dans l'ensemble, j'aime à peu près tout - mais c'est peut-être qu'à mes yeux ses romans aussi sont plutôt des nouvelles. Je n'ai pas lu son premier - en revanche j'ai tout lu à partir de la Beauté des loutres.
Réponse de PhA le 12/09/2011 à 21h54
"Les nouvelles sont souvent comme les traces laissées à Lascaux : empreintes ineffaçables sur les parois de la mémoire."
Benoît Dehort, Oeuvres complètes, tome 67, page 2 (Editions du goudron, 2015).
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 13/09/2011 à 11h01
je l'adore! (surtout ses quatre soldats)
Commentaire n°3 posté par Aléna le 13/09/2011 à 12h40
Oui, Quatre soldats aussi.
Réponse de PhA le 13/09/2011 à 23h08
La chute (que vous avez choisie?) est hilarante! 
 
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 13/09/2011 à 17h16
C'est un peu ma faute : j'ai sauvagement coupé le paragraphe. Mais l'effet de surprise, entre absurde et angoisse qui vont si bien ensemble, est bien là.
Réponse de PhA le 13/09/2011 à 23h10
 

samedi 10 septembre 2011

Un « salon des écrivains » à Rambouillet ?


Bonne idée, pourquoi pas. Rambouillet, « le Renom », comme on lit parfois ici ou là, pourrait bien être renommé aussi pour son salon du livre. D’ailleurs en effet quelques écrivains hantent les parages, je peux en témoigner ; c’est un début. Evidemment ça doit coûter un peu d’argent, mais la commune n’est pas non plus l’une des plus nécessiteuses de notre beau pays. C’est quand même dommage que les organisateurs en soient réduits à faire payer les auteurs (sic). Evidemment, ces derniers vont être difficiles à débusquer (notamment votre serviteur). Il faudrait en informer Monsieur le Président du Sénat – pardon : Monsieur le Maire. Pour le renom, quoi.


Commentaires

Combien l'auteur doit-il payer ?
Commentaire n°1 posté par Pascale le 10/09/2011 à 21h41
Je mentirais : je suis incapable de me rappeler un chiffre, surtout quand il s'agit d'argent. En tout cas plus que les droits d'auteur des six ou sept titres que l'auteur sera heureux de parvenir à vendre si la lune est favorable. Mais bien plus que l'argent, c'est le principe qui est terriblement choquant.
Réponse de PhA le 11/09/2011 à 13h00
et c'est sans compter le prix du billet de train depuis la gare Montparnasse !
Commentaire n°2 posté par L'employée aux écritures le 11/09/2011 à 14h37
Evidemment. A côté de ça, la petite commune des Essarts-le-Roi, à deux pas de Rambouillet, a son propre salon, affrète un car pour les auteurs parisiens, leur offre le repas... Enfin, tout ça ne nous empêchera pas de nous retrouver samedi prochain pour faire la Fête !
Réponse de PhA le 11/09/2011 à 15h23
Cette photo est admirable.
Commentaire n°3 posté par Thaddée le 11/09/2011 à 15h14
Je l'ai chourée. Ici. (Faut pas croire ce qu'on dit, en réalité je suis une crapule.)
Réponse de PhA le 11/09/2011 à 15h30
La vie de château n'est pas pour tout le monde, même si la vigne vierge se laisse dorer au soleil sur la photo.
Il est vrai que le maire de Rambouillet, élu depuis 1983, et président du Sénat, élu depuis 1986, adore le cumul des mandats et n'a pas de temps à perdre avec des manifestations soi-disant culturelles.
Sa devise : "Larcher tout !"
Commentaire n°4 posté par Dominique Hasselmann le 11/09/2011 à 16h37
Faire en sorte que les manifestations soi-disant culturelles soient contraintes à demeurer soi-disant culturelles est un bon moyen de justifier qu'on n'ait pas de temps à perdre avec elles (mais je suis mauvaise langue : il l'honorera probablement d'une visite).
Plus sérieusement et sans perfidie cette fois, il est bon parfois d'informer la municipalité, qui après tout n'est obligée de le savoir - quoique - qu'on ne fait pas payer les invités.
Réponse de PhA le 11/09/2011 à 18h44
 

vendredi 9 septembre 2011

en moto aussi on peut être seul à voir


Anton identifia le véhicule en un éclair et fut aussitôt rassuré. Les chasseurs ont rarement des cabriolets rouges. A cette époque de champignons tardifs et de rendez-vous naturistes, il craignait peu une chose de ce côté-là. L’Elégante frôla le cabriolet qui lui retourna une partie des sons habituellement perdus derrière elle. Le jour n’en unissait plus de se lever et si les phares étaient encore nécessaires, les bas-côtés se libéraient déjà du voile noir pour un autre plus pâle au milieu duquel Anton aperçut nettement le corps d’une femme.
Le corps d’une femme.
Un corps pendu à la verticale d’une corde elle-même probablement nouée à la branche d'un arbre.
Une robe longue verte ou bleue en berne jusqu’aux talons pointus d’une paire de bottines qui lui semblèrent phosphorescentes. Les quelques secondes nécessaires pour que l’image traverse la visière et s’imprime dans son crâne lui avaient déjà fait parcourir plusieurs centaines de mètres lorsqu’il appuya fermement sur les deux freins distincts, sans toutefois perdre ni l’avant ni l’arrière,
la main et le pied ensemble
mais sans trop forcer non plus
pour ne pas bloquer les roues
sur l’humidité grasse
du revêtement.
Durant la décélération les éléments s’agrégèrent de nouveau et reformèrent patiemment l’Univers. Il débraya et rétrograda progressivement jusqu’à s’arrêter dans un dernier vrombissement. Une sorte de piaffement animal dont l’Elégante était friande lorsqu’on lui tirait aussi brusquement le mors jusqu’à lui scier le coin des lèvres.
Jusqu’aux borborygmes et rien de plus. Rien de plus. Dans le rétroviseur la route était déserte. L’obscurité lui parut plus dense que lorsqu’il roulait. Les sapins résistent toujours à l’hiver. Malgré la longue ligne droite il ne voyait déjà plus le cabriolet resté loin derrière lui. Son cœur battait aussi vite qu’après la menace d'un accident. Il tenta de reconstruire l’image du corps entraperçu. Une robe. Une femme.
Un mort, martela-t-il. Un pendu !
L'image devint plus floue et il douta d’avoir réellement vu une robe et des chaussures à talons hauts. Il se demanda s’il devait rebrousser chemin ou bien continuer et mettre la poignée dans le coin pour éviter les commentaires de Mme Edwards, qui se moquerait du pendu comme de son incapacité à le lui décrire.
 
  Sylvain Coher, Carénage, Actes Sud, 2011, p. 79-80.
 
C’est un billet de Claro qui m'a donné l’envie de lire ce récit poétique élégamment motorisé. Allez-y voir un peu pour en savoir plus.

mercredi 7 septembre 2011

le laisser exactement tel qu’il est


« Il y a un prolongement à Beckett que j’ai toujours eu envie d’essayer : dire plus ou moins sur la première page « Je vais écrire un roman, ne sais pas ce qu’il y aura à la page suivante, sans parler du milieu ni de la fin, mais n’ayez crainte, aimable lecteur, j’ai déjà écrit des romans, vous êtes en de relativement bonnes mains. » Et simplement continuer, et après 250 pages, s’arrêter, et voir si c’est bien un roman. Si c’en est un, le laisser exactement tel qu’il est ; sinon, le balancer. »
 
B.S. Johnson, lettre à Edward Lucie-Smith du 23 septembre 1966, citée par Jonathan Coe, B.S. Johnson, Histoire d’un éléphant fougueux, Quidam éditeur, 2010, p. 204.
 
Tentation peu ou prou partagée – et qui sait, peut-être déjà mise en œuvre.


Commentaires

Nous n'en doutons pas une seconde. 
 
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 07/09/2011 à 15h56
Moi, je doute à chaque seconde.
Réponse de PhA le 07/09/2011 à 21h41
C'est sans doute l'idéal, becqueter page après page.
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 08/09/2011 à 19h13
Les écrivains payés à la plage sont des pêcheurs à la ligne 
Commentaire n°3 posté par Dom A. le 09/09/2011 à 09h40
Donc Pierre Bergounioux est payé à la plage ? Je suis sûr qu'il ne connaît pas sa veine !
Réponse de PhA le 09/09/2011 à 14h23
 

mardi 6 septembre 2011

ce que font les écrivains (ou : les limites de la biographie)


Ici, nous nous trouvons confrontés au problème majeur de la biographie littéraire […]. Prenez le 17 août 1965, par exemple. Ce jour-là, Johnson ne provoqua aucune engueulade littéraire, n’écrivit aucune lettre enflammée que je pourrais citer. Il n’alla pas se soûler à mort avec un autre écrivain, ce qui m’aurait fourni une anecdote croustillante. Il n’avait pas de rendez-vous galant secret avec une belle journaliste qui aurait abouti à une aventure torride que j’aurais pu parfaitement divulguer (vous l’aurez compris à présent, ce n était pas le genre d’homme à avoir des aventures). Non, il resta assis à son bureau pendant six heures et quart et écrivit 1700 mots de Chalut. D’un ennui mortel ? Mais c’est ce que font les écrivains. C’est non seulement ce qu’ils font mais c’est ce qu’il font de mieux, c’est à ce moment-là qu’ils sont le plus heureux,  c’est à ce moment-là qu’ils sont le plus eux-mêmes. S’ils ne le faisaient pas, rien de tous les commérages superficiels qui remplissent des livres comme celui-ci n’aurait la moindre importance. C’est l’essence même de la chose. Mais c’est la seule chose sur laquelle je ne peux rien écrire, la seule chose que je ne peux rendre intéressante. Cela révèle que tout le processus dans lequel je suis engagé est une entreprise qui peut s’avérer malhonnête (malhonnête, Bryan, comme les romans ne le sont jamais !)
 
Jonathan Coe, B.S. Johnson, Histoire d’un éléphant fougueux, Quidam éditeur, 2010, p. 204.

Commentaires

Belle franchise - et belle intelligence - chez ce biographe biographe - qui en profite au passage pour parler de lui!;)
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 06/09/2011 à 17h14
Tout à fait. Il y a quelque chose comme un autoportrait-antiportrait dans cette biographie. C'est peut-être aussi pour ça (en plus du personnage même de BSJ) que cette lecture m'a ému.
(Juste retour des choses - peut-être : moi aussi en réalité je profite de cette biographie de BS Johnson par Jonathan Coe pour parler de moi. C'était avoué dans le billet d'hier, ce sera vrai aussi dans celui de demain.)
Réponse de PhA le 06/09/2011 à 22h21
Faute avouée, faute... Oui, j'ai remarqué ces belles résonances. (Et moi je bégaye, je le remarque seulement!;)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 07/09/2011 à 16h47
Faute ? Quelle faute avez-vous donc encore commise, Depluloin ?
Réponse de PhA le 07/09/2011 à 21h43
Parfois, le lecteur se retrouve comme un pigeon (je ne parle pas de tourterelle). Ceci ne risque pas d'arriver à ceux qui n'achèteront pas - mais qui sait ? - le dernier livre d'Eliette Abécassis après avoir lu l'article qu'Eric Chevillard lui a consacré dans "Le Monde" (des livres) de cet après-midi.
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 08/09/2011 à 19h26
La tourterelle aussi aurait rêvé de s'appeler Eliette. (Sans parler d'Eric Chevillard et de moi-même, affligés que nous sommes des deux prénoms les plus communs de notre génération. Comment s'envoler vers la gloire littéraire quand on traîne un tel boulet ?)
Réponse de PhA le 09/09/2011 à 14h21
 

lundi 5 septembre 2011

condition de l’écrivain


Ainsi, on pressent déjà que Johnson va se heurter de plein fouet, pas tant à l’establishment littéraire (qui, tout au long de sa carrière, lui témoigna au moins un certain respect, quoique réticent), qu’à la branche commerciale du monde de l’édition. Cela aurait pu n’avoir aucune importance s’il s’était contenté (comme Samuel Beckett, par exemple) d’accepter que ses ouvrages soient publiés par de petites maisons d’édition indépendantes, sans se préoccuper des chiffres de vente, mais sa détermination à ne jamais transiger sur sa vision artistique allait de pair avec sa conviction que son travail méritait également de toucher un large public, et si tel n’était pas le cas, c’était entièrement dû à l’incompétence de ses éditeurs. Rétrospectivement, il semble évident qu’il allait être difficile de concilier ces deux exigences.
 
Jonathan Coe, B.S. Johnson, Histoire d’un éléphant fougueux, Quidam éditeur, 2010, p. 156.
 
Ça se lit comme un roman, dit-on parfois de certaines bonnes biographies. C’est pour ça que – un instant, je déglutis – c’est pour ça que j’ai du mal à ne pas m’identifier au personnage ? (Vous avez raison : je suis plus mince que Johnson – mais moins que Beckett.)
 

Commentaires

Enfin, Minuit n'est pas une petite maison !
Commentaire n°1 posté par Dominique Boudou le 05/09/2011 à 09h29
Aujourd'hui, bien sûr ; mais quand les premiers romans de Beckett sont arrivés dans les mains de Jérôme Lindon, c'était une petite maison. A cet égard l'histoire de Minuit est emblématique, et je ne crois pas du tout qu'elle puisse se reproduire aujourd'hui (qu'une petite maison indépendante puisse devenir un grand éditeur en se consacrant à la littérature de qualité). (Et bien sûr Coe ne pense pas seulement à Minuit mais aussi aux premiers éditeurs anglais de Beckett.)
Réponse de PhA le 05/09/2011 à 13h47
Tu as raison, j'ai oublié de resituer Minuit dans son contexte des années50. Bonne rentrée scolaire.
Commentaire n°2 posté par Dominique Boudou le 05/09/2011 à 13h53
Je suis bien sûr très mal placé pour le dire, mais je le dis quand même : Quidam mériterait un sort comparable à celui de Minuit. Tiens, le premier roman de ton voisin Decourchelle, par exemple ; une authentique merveille, il fallait le dénicher. Mais l'aventure de Minuit était déjà très improbable à l'époque, et aujourd'hui c'est cuit (d'ailleurs je me demande si Lindon lui-même ne l'a pas dit, ça). Bonne rentrée quand même !
Réponse de PhA le 05/09/2011 à 14h25

samedi 3 septembre 2011

chaque ........ semble vouloir dire quelque chose


chaque ........ semble vouloir dire quelque chose ; chaque ........ énonce en effet quelque chose d’incontestablement perceptible en tant que ........ simplement exprimée et livrée publiquement (on remarquera ici le caractère public de la ........ en tant qu’effet inaliénable de son exposition) ; oui, la ........ dit quelque chose ; il n’est pas très original de remarquer que chaque ........ s’y consacre même autant qu’elle peut en inventant, tandis qu’elle se fait, l’objet qu’elle est (il faut souligner au passage le [s] de s’y consacre sans omettre le y (inutile de dire que souligner ne signifie pas une seconde qu’on entend parfaitement tout ce qui se dit ici ; souligner vaut pour l’œil, la ........ le sait bien, elle qui écoute)) ; l’objet de ........, aimant pourtant la leur, vomit la jardinière si l’invention, en matière de ........, se dit d’abord composition ; aucune ........ ne se penche ou ne s’allume partes extra partes ; rien ne vient ainsi ; tenir chez elle, c’est composer sans gabarit ; souvent on a pu rapprocher la ........ d’autres pratiques qui pouvaient lui ressembler, au nom précisément de cette manie de la composition qui semble la caractériser ; en réalité, c'est probablement l’inverse qu’il faut considérer ; il y a certes congruence de la ....... avec toutes les autres activités dès lors que celles-ci cessent de mimer ce qu’elles croient devoir être ; la littérature est un plat qui se mange froid mais la congruence n’est pas la ressemblance ; si on les confond, la ........ n’y est pour rien ;
 
 

Commentaires

une rentrée littéraire en ...... donc
Commentaire n°1 posté par Thaddée le 03/09/2011 à 15h24
Oui, cette année la rentrée littéraire a lieu au printemps 2006 ; ça change, c'est bien.
Réponse de PhA le 03/09/2011 à 22h34
C'est un genre de sodoku? J'ai horreur de ce jeu! :)
(C'est pratique d'écrire comme ça, pour moi qui cherche mes mots à longueur de journée!:)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 03/09/2011 à 16h06
Le sodoku dites-vous ? Il paraît pourtant qu'on peut y prendre du plaisir.
Réponse de PhA le 03/09/2011 à 22h44
Amusant de s'appeler Pierre Parlant et d'écrire en pointillés
Commentaire n°3 posté par Ambre le 03/09/2011 à 20h40
Déjà, s'appeler Pierre Parlant, c'est un rêve.
Réponse de PhA le 03/09/2011 à 22h47
François Matton !!! Sors de ce corps!!!
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 04/09/2011 à 00h17
Vous voulez prendre sa place ?
Réponse de PhA le 04/09/2011 à 12h03
Céline n'avait rien vu.
Commentaire n°6 posté par Dominique Hasselmann le 04/09/2011 à 11h53
Moi aussi j'ai un mal fou à obtenir un rendez-vous chez l'ophtalmo.
Réponse de PhA le 04/09/2011 à 12h26
Le sudoku, c'est un jeu pour drosophile ?
Je passais par chez vous, quand tout à coup me voilà frappée par "Pierre Parlant". Une prophétie biblique est-elle en marche? Que doit-il se passer déjà "le jour où les pierres parleront"? Je ne sais plus je vais chercher.
Commentaire n°9 posté par Thaddée le 09/09/2011 à 22h36
Il faudrait faire parler Pierre.
Réponse de PhA le 10/09/2011 à 09h50

jeudi 1 septembre 2011

La rentrée, ça presse.




Il paraît qu’il faut rentrer, c’est à lire sur Mélico, c’est ce que je pense de la rentrée, quoi – pas celle de lundi (enfin, de demain, me concernant) ; non, l’autre, littéraire et métaphorique, qui prend un malin plaisir à chevaucher la vraie. Tiens, juste pour mon jour de reprise, demain donc, il y a une belle soirée organisée à la Bellevilloise, et regardez notamment qui qu’il y aura ? Céline Minard dont je suis juste en train de lire So long, Luise, j’en parlais hier, et Jérôme Lafargue (vous avez tous lu, bien sûr, L’Ami Butler et Dans les ombres sylvestres) avec son Année de l’hippocampe – prochaine lecture assurée – bon, c’est à 19 heures ; ce sera un peu juste pour moi mais pas question de manquer ça !


Commentaires

Hélas, je n'y serai pas, je prépare mon bac.
Commentaire n°1 posté par Depluloin le 01/09/2011 à 17h27
Un bac pour traverser quel océan, grand aventurier que vous êtes ?
Réponse de PhA le 01/09/2011 à 22h51
Comme j'aime So long Louise. Il y a des fois où on aimerait être à Paris. Bon, rarement, j'avoue. Mais pour Minard ! En revanche, je regrette L'ami Butler, l'ami Felix ne m'a pas convaincue du tout...
Eh ! Celle qui a subi les métamorphoses dans ton article postérieur, je la devine, on la retrouve demain, non ?
Courage pour la très peu littéraire rentrée...
Je t'embrasse
Marie
Commentaire n°2 posté par marie cosnay le 01/09/2011 à 19h39
Souvent j'aimerais être à Paris et ailleurs en même temps. Mon compromis rambolitain m'en donne parfois l'illusion, au prix tout de même de quelques élongations. (Oui, Minard ; c'est grand. Le Lafargue, je ne l'ai pas encore ; j'ai vraiment beaucoup aimé les deux premiers.) (En fait, je ne sais pas moi-même de qui ou de quoi je parle dans mon billet suivant - que je croyais avoir programmé pour demain, d'ailleurs ! -, comme dans toute cette série Seul à voir.) (On va essayer de la rendre aussi littéraire que possible, l'autre rentrée. Bon courage et bons baisers en retour !)
Réponse de PhA le 01/09/2011 à 23h08
Hello! My first visit, will visit you again. Seriously, I thoroughly enjoyed your posts. Congratulations for your work.  If you wish to follow back that would be great I'm at  http://nelsonsouzza.blogspot.com
(Portuguese Literature  - Brasil)
Thanks for sharing!
Commentaire n°3 posté par Nelson le 02/09/2011 à 06h07
Welcome Nelson (even though I'm sorry I'm not able to read portuguese...)
Réponse de PhA le 02/09/2011 à 08h01
vous nous raconterez?
Commentaire n°4 posté par Thaddée le 02/09/2011 à 20h23
Il faisait chaud et les Panotes chatouillaient les oreilles de la surintendante allongée dans son transat.
Réponse de PhA le 03/09/2011 à 13h14